Ayant grandi à la campagne, je me souviens que les chiens étaient, à l’époque, relativement libres de courir quand bon leur semblait et où il leur semblait bon. Il était également fréquent de leur offrir des os à ronger que le boucher nous donnait, pour leur plus grand plaisir.
Cependant, même si à l'époque nous parlions moins des relations qu’entretenaient les chiens avec les humains, il existait des règles de conduite faites de bon sens et qui étaient communes à tous les foyers :
Ces règles étaient :
• ne jamais déranger un chien qui dort ou se repose sur sa couche ;• ne jamais déranger un chien qui mange ;
• ne jamais reprendre un os de la gueule d’un chien.
Si un enfant transgressait ces règles et poussait par son comportement le chien à grogner ou à mordre, ce n’était pas le chien qui était grondé, mais l’enfant qui avait désobéi.
Toutes les personnes possédant un chien dans le foyer étaient très alertées par ces règles, et il était acquis pour tout le monde qu’il était naturel pour un chien de se comporter ainsi. Personne n’y associait de réflexions scientifiques ou éducatives car il était acquis que « c’était ainsi que les chiens vivent et réagissent».
Quelques années seulement séparent le bon sens commun de l’époque du bon sens commun actuel.
Pourtant, de nos jours, nous demandons à nos chiens :
• d’accepter les contacts rapprochés quand ils sont dans leur couche,
• d’accepter en remuant la queue que nous manipulions leur gamelle quand ils sont en train de manger,
• d’accepter l’idée qu’ils doivent nous donner leur os sans grognement ni morsure quand ils sont en train de le ronger.
Nous les voulons tellement sociaux, aimants et faisant partie à part entière de la famille que nous les intégrons virtuellement dans le monde supposé de Walt Disney. Et quand ce monde Walt Disney s’écroule parce qu'un chien réagit, nous lui trouvons toutes sortes de troubles poussant certains maîtres à sanctionner douloureusement leur chien ou à les abandonner voir à les euthanasier sans pour autant avoir remis en question une seule fois leur façon d’interagir avec eux.
Alors que nous n'avons offert aux chiens aucune opportunité de se conduire autrement, pourquoi les chiens d’aujourd’hui devraient-ils réagir différemment des chiens de nos parents ?
Parce que si nous désirons que nos chiens se comportent différemment que ceux de nos parents, nous devons prendre conscience qu’il nous faut, en tant que maîtres, leur en donner toutes les chances grâce à un apprentissage adapté associé à une éducation relationnelle car nous pouvons tout à fait prévenir ce type de comportement voire le modifier en motivant notre chien à changer de point de vue pour qu'il coopère à la reprise de son os, quand on s'approche ou récupère sa gamelle et qu'il apprécie voire aime les contacts rapprochés quand il est sur sa couche.
Sans ce bon sens tourné vers une éducation préventive ou une rééducation, ils nous faut être suffisamment informés et responsables pour accepter la nature canine et ne pas étiqueter notre chien de "chien à dysfonctionnement" ou "de chien dominant" croyances qui conduit toujours les chiens vers une voie sans issue.
Reste à intégrer en tant que maître, et ceci quel que soit le chien que j’accueille dans mon foyer, que, sans cette éducation préventive, il n'en reste pas moins que ce n’est pas parce que mon chien remue la queue de joie quand il interagit avec moi, qu’il aime jouer avec moi et qu'il accepte les manipulations en dehors de sa couche, qu’il pourra pour autant ne pas réagir quand :
• je manipulerai sa gamelle ou qu’un enfant connu ou inconnu le fera,
• j’aurais l’intention de lui récupérer son os que je viens juste de lui offrir,
• je déciderai ou un enfant décidera de lui faire un gros bisou penché sur lui tout en l’enlaçant quand il sera confortablement installé sur sa couche.
La prudence étant mère de sûreté, il devrait être obligatoirement transmis à tous les maîtres de chiens de compagnie destinés à vivre dans un milieu familial, que, si nous désirons que nos chiens d’aujourd’hui se comportent différemment des chiens de nos parents, il devient de notre responsabilité de leur donner l'opportunité de nous montrer le meilleur d'eux-mêmes.
- Catherine Collignon
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