Les humains et leur obsession des ordres

J’ai toujours été fascinée par la difficulté que les humains ont à comprendre que les chiens n'ont pas besoin "d'ordres" pour "obéir". Qu'obéir ou désobéir n'est peut être qu'une illusion qui déclenche des réactions injustifiées à l'encontre des chiens.

Si l'on y regarde de plus près, un ordre n’est en réalité qu’un stimulus déclencheur : un élément (visuel, olfactif, sonore…) qui provoque une réaction.

Par exemple : Le mot « Assis » (stimulus sonore) déclenche chez le chien une réponse comportementale : il pose son arrière-train au sol → l’humain interprète cela comme une bonne réponse → le chien est perçu comme ayant « obéi » -> une réponse comportementale de l'humain s'en suit.

À l’inverse, si au mot « Assis » le chien se met à sauter → l’humain perçoit cela comme une mauvaise réponse → il interprète cela comme une désobéissance - > une réponse comportementale de l'humain s'en suit.

Mais peut-on réellement parler d’obéissance ou de désobéissance ? Est-ce que le chien aurait ces notions si particulière de l'obéissance et de la désobéissance, si l'on se réfère à ce qui est écrit au dessus : la réponse est non.

Le chien réagit à un contexte, à un déclencheur, à l’apprentissage qu’il en a tiré, au retour de l'environnement, il ne désobéit pas, il n'obéit pas, il cherche à obtenir ou à éviter, comme nous les humains.

Notre fascination pour les ordres peut même aller plus loin :

Il m’est souvent arrivé de poser cette question aux propriétaires :

« Comment avez-vous appris à votre chien à se coucher ? »

Neuf fois sur dix, la réponse est la même :

« En lui disant couché. »

Je comprends… mais je reformule la question :

« Comment vous y êtes-vous pris pour que votre chien comprenne que le mot “Couché” signifie la position quatre pattes au sol ? »

C’est généralement à ce moment que le doute s’installe : un grattage de tête, les yeux levés au ciel, un « heu… » puis :

 « Attendez… je ne sais pas… je crois que je lui ai dit “couché” quand il se couchait. »

C'est une bonne réponse, cette méthode correspond à une technique d’apprentissage qu’on appelle la “capture” : le chien adopte spontanément un comportement, l’humain le nomme et le renforce, et petit à petit, le chien associe ce mot à cette action.

Ce qui est fascinant (et souvent ignoré), c’est que dans la majorité des cas ce n’est pas l’humain qui “enseigne”, c’est le chien qui, par déduction, finit par comprendre

Que « Couché » correspond à “quatre pattes au sol”

Que « Assis » correspond à “arrière-train posé au sol”

Que “Ne pas sauter” signifie “rester les pattes au sol”

Autrement dit, ce sont souvent les chiens qui font tout le travail d’interprétation, pendant que les humains pensent “donner des ordres” et les accables de chiens obéissants ou désobéissants.

Catherine Collignon

Responsable du Centre Animalin

www.centreanimalin.fr

Autrice de plusieurs livres sur l'éducation et le comportement des chiens.